Qu’en est-il de la socialisation?

Les enfants enseignés à domicile sont-ils socialisés?

Cette question est très souvent posée, et en général c’est en référence avec l’école. On entend souvent: « Si les enfants ne vont pas à l’école, ils ne sont pas socialisés! »

Néanmoins, la réponse est « oui, pour la majorité, les enfants qui ne vont pas à l’école se socialisent » mais il va de soi qu’il y a, comme pour les enfants scolarisés, des exceptions et que certaines situations sont plus difficiles à gérer que d’autres.

 

Voici la définition du Larousse:

Socialisation:
Processus par lequel l’enfant intériorise les divers éléments de la culture environnante (valeurs, normes, codes symboliques et règles de conduite) et s’intègre dans la vie sociale.

Beaucoup de personnes élargissent, voire confondent, la socialisation au fait de se faire des copains…

Voyons donc comment se passe la socialisation sur le terrain, en tenant compte d’une définition élargie. Voyons également comment se passe l’exclusion sociale et quelles en sont les conséquences.

Le tableau suivant illustre un grand nombre de situations, à l’école et en-dehors de l’école.

    à l’école en-dehors de l’école
Socialisation: ce qu’on attend d’un enfant socialisé L’enfant appartient à un groupe avec des règles, il doit respecter un cadre (normes, codes, horaires), comme d’autres enfants. Un adulte est référent, il est le gardien des règles, du cadre. En classe, dans la cours de récréation, au réfectoire. Lors d’une activité parascolaire (sport, art,…), lors d’une visite ou d’un atelier au musée, en famille, chez des amis, dans les mouvements de jeunesse, lors d’une activité sociale.
L’enfant se fait des copains, il vit avec des enfants de son âge et apprend à se connaître à travers les autres. Il les voit régulièrement et peut lier des amitiés. Dans la cour de récréation, à l’occasion d’activités de groupe (atelier, classe verte). Lors de ses activités parascolaires régulières, dans les mouvements de jeunesse, lors des rencontres régulières organisées par les réseaux d’instruction en famille, avec le voisinage.
L’enfant s’intègre dans un groupe avec des personnes différentes de lui: des adultes, des enfants d’âges divers, des personnes handicapées,… Dans certaines écoles qui ont développé un projet d’intégration d’enfants handicapés ou de classe verticale, par exemples. En famille, avec les parents et les frères et soeurs, dans les mouvements de jeunesse, lors des rencontres organisées par les réseaux d’instruction en famille, avec le voisinage, lors de rencontres à caractère social (la famille s’engage dans un projet social tel que le soutien à des personnes âgées ou handicapées, un resto populaire, une bibliothèque,…).
    à l’école en-dehors de l’école
Exclusion sociale: quand certains enfants ne s’intègrent pas et ne sont pas socialisés L’enfant ne respecte pas les règles, il enfreint le cadre. L’enfant peut être soumis à des sanctions. il peut être exclu du groupe. L’enfant ne fait pas son travail (devoirs, participation en classe), l’enfant enfreint les codes et les règles. Il peut être sanctionné par l’adulte référent, voire par la direction de l’école. L’enseignant, l’équipe éducative ou des adultes formés en assistance sociale ou en pédopsychologie peuvent diagnostiquer les problèmes et proposer des solutions, en collaboration avec les parents. L’enfant enfreint les codes et les règles (politesse, propreté,…) de la famille, d’un club sportif, d’un musée. Il ne respecte pas le lieu, les personnes, le cadre d’une activité. Il peut être sanctionné par le groupe ou un adulte référent. Un suivi psychologique par un professionnel peut être envisagé. Un parent peut demander du soutien du réseau d’instruction en famille ou de professionnels. Il peut se former aux techniques de gestion du cadre et à la communication.
L’enfant s’isole du groupe, n’a pas de copains. Il développe une faible estime de lui et n’a pas confiance dans le groupe. L’élève reste tout seul pendant la récréation, il ne participe pas aux activités, aux jeux de la récréation. L’enfant reste enfermé dans sa chambre, s’isole dans un livre, un jeu vidéo, la télé.
L’enfant est maltraité physiquement ou moralement. Il est exclu par les autres. Il développe une faible estime de lui, voire une phobie. L’élève subit des chantages, des menaces, des humiliations, du rejet, des abus de la part d’autres enfants, voire de l’adulte référent. Il est insécurisé. L’enfant est maltraité physiquement ou moralement par ses frères et soeurs , un parent ou par ses camarades de club.
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Visite groupée d’un parc animalier

Si l’école fournit un cadre pour la socialisation, il n’est pas le seul. Les familles qui choisissent de ne pas scolariser leur enfant doivent prendre en charge la socialisation de leur enfant par d’autres biais. Que ce soit à l’école ou en-dehors, la tâche peut s’avérer difficile, en fonction de la sensibilité de l’enfant, de son passé, de son environnement familial, de pathologies particulières… Que ce soit à l’école ou en-dehors, des structures peuvent être mises en place pour épauler les éducateurs: professionnels extérieurs, formation continuée des éducateurs,…

D’autre part, le risque d’exclusion sociale, ou de marginalisation, existe aussi dans tous les milieux: à l’école et en-dehors. L’exclusion sociale se décline différemment à l’école et en-dehors, les deux milieux peuvent également accentuer l’exclusion.
De plus, certains enfants qui sont intégrés socialement dans la vie de l’école et y semblent épanouis peuvent se montrer renfermés sur eux-mêmes et socialement absents dans la vie de famille, et vice versa.

En conclusion, la socialisation est possible en-dehors de l’école, mais, comme à l’école, elle peut souffrir de difficultés. C’est le rôle des éducateurs que de faire face à ces difficultés avec les personnes et les outils appropriés.

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Pour aller plus loin, voici les références d’études sur la socialisation des enfants EAD:

  • « Comparison of social adjustment between home and traditionnaly schooled students », Larry Edward Shyers, Ph. D. deg. University of Florida, 1992
  • « Self-concept in home-schooling children », Jhon Wesley Taylor, 1986
  • « Homeschooling, socialization and creativity in children », Patrick K. Alex, 1994